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► Bientôt, la place Barthelon se fera une jeunesse !
 

Souvenons-nous : MARS 2003 (il y a 21 ans)
 

La place Eugène Barthelon à Embrun : Non, ce n'est pas suite à un bombardement, mais les travaux de réfection à l'occasion de la mise en secteur piétonnier de la place en 2003
 

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Publié le 13/03/2024 06:44  - 1 commentaire - |     |
Que s’est-il passé il y a 100 ans  -  par Bernard_Brabant

►Article paru dans LE DAUPHINÉ LIBÉRÉ du lundi 11 mars 2024 (Bernard Brabant)
 

 Que s’est-il passé il y a 100 ans ?

À Baratier, on se met enfin d’accord sur l’emplacement du monument aux morts. À Embrun, on organise un bal qui fortifie les muscles et le moral. Des publicités prennent soin de notre santé et de notre portefeuille. Voilà ce que l’on peut lire dans l’hebdomadaire embrunais La Durance en mars 1924


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En mars 1924, La Durance rapporte que les chefs de famille, convoqués par le maire, se sont enfin mis d’accord sur l’emplacement du monument aux morts.  Photo Le DL/B.B.

Il y a 100 ans, dans l’hebdomadaire La Durance un article nous apprend que le maire de Baratier, Monsieur Blanc, a convoqué les chefs de famille de la commune. Les 32 membres présents lors de la réunion qui s’est déroulée fin février se sont mis d’accord sur l’emplacement du monument aux morts et ont ouvert une souscription.

Un bal de village “pas une copie maladroite des dancings jazz-bandesques des grands centres”

À Paris, les délégués anglais, belges, hollandais et français se rencontrent pour décider de la date du passage à l’heure d’été. Ce sera la nuit du 29 au 30 mars. Tous les pays sont d’accord… sauf l’Angleterre qui changera d’heure au mois d’avril.

Mardi gras, tombe un 4 mars. À cette occasion, l’Union sportive embrunaise organise un bal masqué. “Il sera l’exemple de ces plaisirs sains et familiaux, comme en connaissent encore nos petites villes, et non pas […] une copie maladroite des dancings jazz-bandesques des grands centres”, se réjouit le journal. Car c’est un bal “où l’on se sent heureux d’être homme, d’être français, d’être provincial. […] Non seulement les danseurs fortifieront leurs muscles et leur moral, mais ils aideront les jeunes embrunais à devenir robustes.” Rien que ça.

Il n’y a pas que le bal, qui est bon pour la santé. “Voulez-vous avoir le sourire ? Le teint frais ? Le sang pur ? Prenez deux ou trois fois par semaine, le soir en vous couchant, une infusion de thé des moines de Boscodon.” Voilà ce que promet le pharmacien embrunais Masson dans une publicité. Le nom qu’il a donné à sa boisson tient du conte d’apothicaire : à cette époque, dans l’ancienne abbaye délabrée, il n’y avait pas plus de moines que de théiers.

Dans une autre publicité, “l’éminent spécialiste de Paris en prothèse oculaire et auriculaire, M. Daumont” promet de faire entendre les plus sourds. “Après un examen minutieux et mathématique”, il peut vous rendre la vue normale. “Il sera présent à l’Hôtel des négociants le 29 mars.”

Une autre publicité annonce qu’on peut nous acheter des peaux d’écureuils bien séchées et tendues. Voilà une façon bien cruelle de se servir d’un écureuil pour mettre de l’argent de côté. C’était avant la Caisse d’épargne.
 


On peut consulter La Durance en ligne sur le site des Archives départementales des Hautes-Alpes.


Publié le 11/03/2024 11:17  - aucun commentaire - |     |

►Article paru dans LE DAUPHINÉ LIBÉRÉ du Dimanche 18 février 2024 (Bernard Brabant)

  Quand les grossesses finissaient en “infanticide” ou “suppression d’enfant” 



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Que ce soit devant une cour d’assises pour “infanticide” ou un tribunal correctionnel pour “suppression d’enfant”, l’accusée était jugée par des hommes. Dessin Bernard Brabant

Alors que l’on va inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution, il est utile de rappeler ces drames qui défrayaient régulièrement la chronique, notamment au XIXe siècle.

Quand il pose un plancher au château de Picomtal des Crottes (l’ancien nom de Crots), Joachim Martin écrit au crayon ses souvenirs au dos des lattes : “En 1868, je passais à minuit devant la porte d’une écurie. J’entendis des gémissements. C’était la concubine d’un de mes grands camarades [qui] accouchait ”. Il s’agit d’un accouchement clandestin suivi d’un infanticide commis par le concubin. Ce n’est pas son premier crime, précise le menuisier : “Quatre [enfants] sont enterrés au dit écurie ”.

Ces accouchements non désirés, à la suite d’une grossesse cachée, se font souvent dans la solitude.

L’hebdomadaire de l’époque La Durance relate lui aussi ces dramesÉlisabeth Hermitte est une jeune domestique de 19 ans, à Chorges. Elle avoue aux juges, en 1886, avoir eu des “relations intimes avec un jeune homme qui lui avait promis le mariage”. Elle accouche seule dans sa chambre chez ses maîtres et va “se mettre à table avec tous les membres de la famille”.

Parfois, la mère ne survit pas au drame. Un accouchement clandestin avec infanticide se termine dans le sang, rue Palluel à Embrun, en 1872. La jeune fille est retrouvée “poussant le dernier soupir dans les bras de son père”. A-t-il fait pression sur sa fille ? A-t-il assisté sa fille ? Est-il l’auteur de l’infanticide ? La justice retient la complicité et le condamne à 10 ans de travaux forcés.


Elle préfère se jeter dans la Durance

En campagne, on peut cacher sa grossesse sous des habits plutôt larges. Mais on est aussi surveillé. La fille G… de Risoul a été accusée d’avoir en 1894 donné la vie à un enfant et de l’avoir supprimé. C’est la femme du mari fautif qui l’a dénoncée.

Certaines femmes ne supportent pas le déshonneur de passer en justice. En 1889, une veuve de 36 ans, du Petit-Puy, préfère se jeter dans la Durance. Elle laisse deux jeunes enfants.

Les infanticides ne sont pas exceptionnels, ils relèvent de la cour d’assises. Quand l’enfant né viable est retrouvé mort, mais qu’on ne peut prouver que la mort a été donnée volontairement, on parle de suppression d’enfant. C’est le délit de cacher sa maternité qui relève du tribunal correctionnel.En campagne, on peut cacher sa grossesse sous des habits plutôt larges. Mais on est aussi surveillé. La fille G… de Risoul a été accusée d’avoir en 1894 donné la vie à un enfant et de l’avoir supprimé. C’est la femme du mari fautif qui l’a dénoncée.

Certaines femmes ne supportent pas le déshonneur de passer en justice. En 1889, une veuve de 36 ans, du Petit-Puy, préfère se jeter dans la Durance. Elle laisse deux jeunes enfants.

Les infanticides ne sont pas exceptionnels, ils relèvent de la cour d’assises. Quand l’enfant né viable est retrouvé mort, mais qu’on ne peut prouver que la mort a été donnée volontairement, on parle de suppression d’enfant. C’est le délit de cacher sa maternité qui relève du tribunal correctionnel.


Quand l’homme est complice, il est moins condamné que la femme

De toute façon, les accusées ne sont jugées que par des hommes, puisque les femmes ne peuvent être ni magistrates ni jurées. Les prévenues peuvent être condamnées à plusieurs années de prison aux assises, sauf circonstances atténuantes. Au tribunal d’instance, les peines vont du sursis à un an de prison. Quand l’homme est complice, il est moins condamné que la femme.

Élisabeth Hermitte, prévenue de suppression d’enfant, passe pourtant aux assises. Son avocat plaide la non-déclaration de la naissance d’un enfant mort-né à l’état civil. Le jury le suit. Élisabeth est libérée, après cinq mois de prison préventive.

“Une salle bondée de monde, où le sexe féminin était largement représenté, a suivi avec intérêt les débats de cette audience. Aussi, des marques d’approbation ont-elles accueilli ce dénouement ”, note le journal.

Publié le 04/03/2024 15:57  - aucun commentaire - |     |

►Article paru dans LE DAUPHINÉ LIBÉRÉ du Dimanche 18 février 2024 (Bernard Brabant)
 

  Les petits secrets de la place de la Mazelière d'Embrun


Elle s’est appelée place Saint-Martin, place des Comestibles puis de la Mazelière. Voici quelques petites histoires de cet endroit situé entre la rue Clovis-Hugues et la rue de la Liberté.

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La place de la Mazelière au début du XX e siècle. Sur l’hôtel privé du marquis, on voit le dessus d’une tour carré. C’était une chapelle privée. Elle sera rasée après le legs de la demeure à la commune. (Archives départementales côte 39-00201)

Le premier nom connu de la place de la Mazelière fut place Saint-Martin, du nom d’une chapelle aujourd’hui disparue. Pour l’ancien historien Jean Vandenhove, elle était située dans le bâtiment qui abrite aujourd’hui la boucherie Ziga. Robert Blache, féru d’histoire, a une autre version : « Mon grand-père me disait que la place se trouve sur la chapelle qui a été rasée. Lors de travaux d’enfouissement de câbles, on aurait retrouvé des fondations. »


Sur cette place Saint-Martin est né Henri Arnaud, pasteur vaudois, héros de la Glorieuse rentrée. Une épopée menée au XVIIe siècle par des familles protestantes. De Genève, elles ont réussi à traverser les Alpes pour retourner dans leurs vallées en Italie, tout en étant pourchassées.


►Divers noms et différentes fonctions au fil du temps


On l’a ensuite appelée place des Comestibles, car elle accueillait le marché des légumes. Les paysannes les plus pauvres vendaient leur production en restant debout, pour ne pas payer l’emplacement.


On trouve sur la place une fontaine sur laquelle est gravé “à la mémoire des morts pour la défense de la patrie 1870-1871”. Elle a été érigée juste après la guerre. Dans l’hebdomadaire La Durance , Émile Guigues la mentionne, en novembre 1872 : “Nous qui savons que cette fontaine a été créée avec les fonds de la “souscription à la mitrailleuse” en 1870”. À cette époque, on pouvait se cotiser pour payer un canon mitrailleur à l’armée. Aucun nom n’est gravé sur ce monument. Jean Vandenhove a retrouvé le nom d’une victime de cette guerre : un certain Imbert de Chalvet.


►Avant la boucherie, la poste


Le 8 avril 1886, le conseil municipal décide de l’appeler place de la Mazelière, pour remercier le marquis André-Théodore Rous de la Mazelière qui a donné 24 000 francs afin de fonder une école dirigée par les Frères des écoles chrétiennes. Son fils, Antoine-Camille-Victor, est un érudit. Il a fait ses études au lycée Stanislas à Paris (celui qui s’est récemment trouvé au centre d’une polémique avec l’ex-ministre de l’Éducation nationale). À sa mort, en 1937, il lègue à la ville son hôtel particulier et 50 000 francs pour l’entretenir. Sa bibliothèque de 1 000 ouvrages est donnée aux Archives départementales. En 1939, la municipalité propose d’en faire un hôtel meublé. C’est la famille Martin qui répondra à l’offre.


De 1905 à 1956, la Poste se trouvait à l’emplacement de la boucherie actuelle. Durant la guerre, les Allemands ont installé une mitrailleuse sur le toit.

Publié le 18/02/2024 10:54  - aucun commentaire - |     |

►Article paru dans LE DAUPHINÉ LIBÉRÉ du vendredi 6 février 2024 (Bernard Brabant)
 

 Que s’est-il passé il y a 100 ans dans l’Embrunais ?


Quatorze ans après la destruction de l’hôpital par incendie, la ville d’Embrun touche une nouvelle subvention pour en construire un nouveau. Dans l’hebdomadaire embrunais La Durance de février 1924, on apprend aussi comment bien acheter une vache..

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L’ancien hôpital à droite, avant qu’il ne soit détruit par un incendie le 13 août 1910. Archives départementales côte 39-00108

En février 1924, La Durance annonce qu’une nouvelle subvention de 50 000 francs vient s’ajouter à celles déjà récoltées pour construire le nouvel hôpital.

Le 13 août 1910, vers cinq heures du soir, le feu s’était déclaré dans une grange de l’hôpital, dans la rue Émile- Guigues actuelle, face à l’ancienne caserne La Peyrouse. Les malades ont alors été transférés dans l’ancien petit séminaire, tenu par les sœurs Visitandines. Il s’agit de l’ancienne partie de l’hôpital actuel, le bâtiment dans lequel se trouve la chapelle. Quatorze ans après l’incendie, la municipalité a donc récupéré au total 400 000 francs de subventions pour reconstruire un hôpital dont le coût est estimé à 700 000 francs (environ 750 000 euros d’aujourd’hui).

On se fait du souci pour les soldats de nos casernes. Deux jeunes recrues viennent de mourir à la suite d’une épidémie de grippe, “probablement apportée ici, par les permissionnaires de Noël et du jour de l’An”, suppose le journal. Et pourtant, on a pris des précautions “pour éviter à nos militaires toutes les causes de refroidissement (les exercices au-dehors ne sont effectués que pendant les heures de soleil, des boissons chaudes, additionnées de rhum, sont distribuées plusieurs fois par jour)”.
 

Attention aux chiens
 

Les voitures étant de plus en plus nombreuses, dans un article “Les chiens et le Code de la route”, le journal rappelle que les propriétaires n’ont droit à aucune indemnité si leurs chiens se font écraser quand ils sont laissés en liberté.
 

►Arnaque : des conseils vachement utiles
 

De nos jours, les journaux nous expliquent comment ne pas se faire arnaquer quand on achète une voiture d’occasion. À l’époque, c’était pour acheter une vache. La Durance dévoile les trucs utilisés par les filous pour vous tromper : “1° Ne pas traire la vache un ou deux jours avant la mise en vente ; la mamelle gonflée de lait donne l’illusion d’une forte laitière ; 2° Limer les cornes pour les rendre luisantes et tromper sur l’âge de la vache ; 3° Tondre les poils des mamelles ; 4° Faire un écusson artificiel avec des ciseaux ou avec la tondeuse et flamber les poils tondus”.

Des conseils que les acheteurs méfiants et que les maquignons peu scrupuleux trouveront vachement utiles.


On peut consulter l’hebdomadaire La Durance sur le site archives.hautes-alpes.fr


Publié le 06/02/2024 16:29  - aucun commentaire - |     |

►Article paru dans LE DAUPHINÉ LIBÉRÉ du vendredi 2 février 2024 (Bernard Brabant)
 

 Quand le marchand d’ail venait avec sa carriole tirée par trois chiens


On connaît les dessins d’Émile Guigues. Il aimait croquer les petites gens de l’Embrunais. Il aimait aussi raconter des moments de la vie quotidienne. Durant près de 20 ans, à la fin du XIXe siècle, il a tenu une chronique signée Riouclar, dans l’hebdomadaire LLa Durance.

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Le marché d’Embrun sous les remparts en 1889, dessiné par Émile Guigues. Son marchand d’aiets l’a sûrement fréquenté. (Illustration avec l’autorisation de Bernard Guigues)

En février 1891, Émile Guigues dresse le portrait d’un marchand d’ail ( aiet , en provençal) qui venait avec sa carriole tirée par trois chiens. Voilà ce qu’il écrit. “L’aiet ! L’aiet ! Qui n’en vounort ? L’aiet, l’aiet !” L’avez-vous vu passer cette semaine le marchand d’ail de Gardanne, avec sa petite voiture attelée de trois chiens qui tirent fort sur les cordes et trottent ferme : mignon équipage auprès duquel, tout grand qu’il est, il paraît trois fois plus grand encore, le marchand d’aiet, d’aiet, d’aiet… Il est immense, il est truculent, le marchand d’aiet. Il est taillé comme un hercule : petite tête, épaules colossales. Une petite tête tout embroussaillée, sous une casquette fourrée, sourcils touffus, barbe grise qui semble un buisson surpris par le givre : un point brillant sous les sourcils, un peu de chair couleur de cuir rougi au milieu de la broussaille, c’est la tête du marchand d’aiet, d’aiet…

Son costume s’harmonise : pour veste, un sac vide de ses aiets, et en sautoir, comme un ordre étrange, des guirlandes d’aiets. Une ceinture de cuir fait bouffer ses pantalons de velours roux avec des reflets de vieil or, lesdits pantalons étranglés au pied, avec une ficelle… Les aiets, les aiets ! Et il passe fier. Son torse puissant se balance sur ses hanches, et ses guirlandes d’aiets suivent le mouvement avec un petit bruit sec. Et comme il n’a plus de dents quand il crie : les aiets, les aiets ! Et quand il mange, accoudé sur sa petite voiture, une tête de miche frottée d’aiet, il se fait dans toute sa broussaille argentée des creux désordonnés comme un buisson touffu où s’agiterait un animal effrayé, les aiets, les aiets ! […]
 

“Bientôt, on ne l’entendra plus crier dans les rues”
 

“L’aiet ! L’aiet ! Qui n’en vounort ? L’aiet, l’aiet !” L’avez-vous vu passer cette semaine le marchand d’ail de Gardanne, avec sa petite voiture attelée de trois chiens qui tirent fort sur les cordes et trottent ferme : mignon équipage auprès duquel, tout grand qu’il est, il paraît trois fois plus grand encore, le marchand d’aiet, d’aiet, d’aiet… Il est immense, il est truculent, le marchand d’aiet. Il est taillé comme un hercule : petite tête, épaules colossales. Une petite tête tout embroussaillée, sous une casquette fourrée, sourcils touffus, barbe grise qui semble un buisson surpris par le givre : un point brillant sous les sourcils, un peu de chair couleur de cuir rougi au milieu de la broussaille, c’est la tête du marchand d’aiet, d’aiet…


Nous avons juste changé quelques ponctuations, pour rendre le récit plus clair.


Publié le 02/02/2024 10:24  - aucun commentaire - |     |

►Article paru dans LE DAUPHINÉ LIBÉRÉ du vendredi 10 janvier 2024 (Bernard Brabant)
 

 Les anciens noms des rues et places de la commune


Il fut un temps où l’on pouvait se promener à Embrun dans les rues du Tripot, Rigondelle, Malcroizet, des Billards ou du Talon haut. Voici quelques rues qui ont changé de nom ces 300 dernières années.

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Plan d’Embrun en 1850. On retrouve d’anciens noms de rues.

1. La rue du Tripot

Il devait y avoir un café réputé dans la rue du Tripot. Elle est devenue la rue du Docteur-Izoard, médecin bienfaiteur décédé en 1919.

2. La rue Saint-Vincent

Elle a déménagé. Elle était à la place de la rue Tour brune d’aujourd’hui. L’actuelle rue Saint-Vincent s’appelait en 1765 rue Rigondelle. Une Rigoundèla est un gâteau.

3. La rue Traversière

Elle avait pour nom rue des Billards.

4. La place du Triangle

Les anciens appellent toujours de son ancien nom, place du triangle, la place Célestin-Roche (poète, scientifique embrunais). Elle a commencé par être la place de l’Eygullier. Une placette créée quand on a rasé le pâté de maisons en son centre. Une rue Malcroizet longeait ce pâté, avant de prendre le nom de rue du Triangle.

5. La rue du Centre

C’était celle des Boulangers.

6. La place de la Mazelière

Elle fut d’abord baptisée Saint-Martin puis place des Comestibles.

7. La place Barthelon

Elle porte le nom d’un bienfaiteur qui a légué sa fortune à Embrun après son décès en 1905. Elle fut d’abord la place Saint-Pierre. Lesdiguières a fait raser l’église Saint-Pierre en 1590 pour créer cette place.

8. La rue commerçante

Du temps des remparts, la seule rue traversant Embrun était la rue commerçante actuelle. Sous la royauté, c’était la route royale n° 94, qui s’appelait vers le haut, rue d’Italie, puis rue Clovis-Hugues. Il aurait été question pendant la Seconde Guerre mondiale de lui donner le nom du Maréchal-Pétain.

9. La place Saint-Marcellin

Elle s’est appelée place du Laurier. On suppose qu’il y avait un laurier avant que ne soit planté en 1790 le grand tilleul actuel, arbre de la liberté.

10. La place du Tilleul

En revanche, il y avait une place du tilleul, qui a pris le nom de place Dongois, avocat actif sous la Révolution et nommé maire par Napoléon 1er.

11. La rue Émile-Guigues

Elle porte le nom d’un percepteur connu pour ses nombreux dessins sur la vie embrunaise. C’était la rue du Collège, puis de la Détention, lors des transformations du grand bâtiment la longeant.

D’autres changements

La rue Neuve est devenue Victor-Maurel et la rue du Planuel (nom des places militaires sous les remparts) la rue Caffe. La rue de l’Arsenal s’est transformée en rue du Colonel-Bonnet. La rue Marchande s’appelle maintenant rue Palluel et celle de l’Estour s’est transformée en rue de la Métropole. La rue du Talon haut est devenue la rue de la Terrasse. La place de la Halle a été réhabilitée en place Dosse. La rue Casse-cou, elle, n’a pas changé de nom.

Publié le 14/01/2024 11:15  - aucun commentaire - |     |

►Article paru dans LE DAUPHINÉ LIBÉRÉ du vendredi 5 janvier 2024 (Bernard Brabant)
 

 Retour en janvier 1924 : que s’est-il passé à Embrun il y a 100 ans ?


En ce début d’année 1924, on compte les morts, les vivants, les automobiles, les chevaux. Voici quelques-unes des nouvelles lues dans l’hebdomadaire embrunais de l’époque : La Durance.

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Place de la Mazelière au début du XX e siècle. Les rares Embrunais qui avaient une automobile devaient la déclarer en mairie.  (Archives départementales côte 39-279)

Le 5 janvier 1924, le journal La Durance annonce la mort de Georges Noblemaire. Le député des Hautes-Alpes est décédé à l’âge de 56 ans. Ce républicain de gauche avait fait un discours en 1922 sur la limitation des armements à la Société des Nations, l’ancêtre de l’ONU. Il était également président du conseil d’administration de la compagnie de chemin de fer Paris Lyon Marseille (PLM) qui gérait notamment la ligne passant par Embrun.

Un “encouragement à la repopulation”

Le journal publie les statistiques de l’année 1923. Il y a eu 38 décès de personnes domiciliées à Embrun et 48 naissances. En 20 ans, le département a perdu 20 000 habitants, à la suite de la Première Guerre mondiale et l’exode rural. L’article titré “Encouragement à la repopulation” rappelle que la France est en compétition avec l’Allemagne pour reconstituer sa population et équilibrer les forces.

On ne compte pas que les habitants. Le journal rappelle qu’en ce 1er  janvier, les propriétaires de véhicules automobiles doivent en faire la déclaration à la mairie, ainsi que les propriétaires de chevaux âgés de plus de 4 ans. Le prix du pain passe à 1,25 franc le kilo (1,26 euro d’aujourd’hui).

L’hebdomadaire annonce le programme de la fête de la Sainte-Pelade du 28 janvier 1924. Un programme pour les bons vivants : à 10 heures, vin blanc chez Mme Aubin ; à 11 h 30, apéritif chez M. F. Durand ; à midi, banquet chez M. Michel, rue Gaffe ; à 2 heures, café chez M. Thivot ; à 3 heures, bière chez M. Nicolas, café de l’Arsenal ; à 3 h 1/2, roulette et bière chez M. Bertrand, café de Ma Campagne et vin chez Mme Terret ; à 6 h 1/2, apéritif chez Mme Combet ; à 7 h 1/2, soupe au fromage, chez M. Michel ; à 9 h, grand bal chez M. Arnoux.

Le dimanche 20 janvier, les habitants du quartier de Saint-Antoine ont quant à eux dignement fêté leur patron. 70 personnes ont dégusté des têtes de veau et de porc au restaurant Liotier. Auguste Thouard, avoué féru d’histoire, “a tenu son auditoire, sous le charme de ses paroles et récits sur notre ancienne métropole, en nous citant l’emplacement des nombreuses églises, aujourd’hui pour la plupart disparues, ainsi que les couvents et temples qui se trouvaient dans Embrun et les environs”, rapporte le journal.


 


 

On peut consulter le journal La Durance en ligne sur le site des Archives départementales des Hautes-Alpes.


Publié le 05/01/2024 10:01  - 1 commentaire - |     |

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Publié le 28/12/2023 15:42  - 13 commentaires - |     |

►Article paru dans LE DAUPHINÉ LIBÉRÉ du vendredi 15 décembre 2023 (Bernard Brabant)
 

 Il y a cent ans, une campagne électorale faisait des remous


En décembre 1923, se déroule une élection houleuse. L’hebdomadaire embrunais La Durance soutient spécialement un candidat.

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Jardins de l’Archevêché au début du XX e siècle. Bonne nouvelle : le Touring club subventionne l’achat de trois bancs. Archives départementales côte 39-179


En ce mois de décembre 1923, les élections à la Chambre de commerce des Hautes-Alpes tournent à la foire d’empoigne entre les candidats embrunais. On s’insulte à travers les journaux. À gauche, Messieurs Joubert, ancien maire d’Embrun, et Manuel, limonadier. Ils sont soutenus par l’hebdomadaire socialiste Les Alpes nouvelles de Gap. À droite, Messieurs Imbert, hôtelier, Pavie, industriel, et Jugy, imprimeur, s’expriment dans La Durance. Ça tombe bien, ce journal appartient au candidat Jugy.


Il publie des démentis catégoriques : “La liste Jugy Guérin ne comprend ni embusqués ni enrichis comme le disent certains journaux, tandis que la liste Manuel, Joubert, Faure (liste socialiste) comprend des embusqués et des enrichis.” Il accuse Les Alpes nouvelles , “journal de M. Cluzel, avocat socialiste et millionnaire”, de défendre les coopératives. De quoi s’indigner : “Qu’adviendrait-il […] si dans chaque localité du département, on créait des coopératives ?”


Messieurs Faure, Joubert, Imbert, Pavie et Manuel sont élus. Adrien Jugy, dont le journal n’a publié que des articles le soutenant, a été battu “à cause de manœuvres déloyales”. 
 


►Des progrès enregistrés
 

Il y a 100 ans, aussi, l’électricité n’est distribuée qu’à certaines heures. Il y a les mécontents qui se plaignent car “le courant est coupé trop tôt le matin et envoyé trop tard le soir, de sorte qu’ils sont obligés de se servir de bougies […]”. Et ceux qui apprécient le progrès : “Nous sommes heureux de constater que depuis quelques jours, le Water closet de la rue Neuve est éclairé à l’électricité.”
 

Autre progrès, “les abonnés au téléphone sont autorisés à échanger des communications téléphoniques de 19 h 30 à 21 heures avec les abonnés des réseaux de tous les autres départements”. Rappelons qu’à cette époque, pour avoir un correspondant, il faut passer par une opératrice.
 

Côté vie culturelle, on annonce pour le 16 décembre, trois heures de fous rires au théâtre d’Embrun. Un spectacle qui, bien que correct, “ne s’adresse pas aux jeunes filles”.


 


 

On peut consulter le journal La Durance en ligne sur le site des Archives départementales des Hautes-Alpes.


Publié le 15/12/2023 11:54  - aucun commentaire - |     |