La Guerre Secrète dans les Alpes du Sud - Antoine Arnoux  

LA GUERRE SECRÈTE
DANS LES ALPES DU SUD  

Par Antoine Arnoux  

Cet ouvrage permet la mise en lumière de l’intervention d’hommes et de femmes des différents services secrets alliés durant la seconde guerre mondiale
dans les Hautes-Alpes et Alpes-de-Haute-Provence.

Ces agents du SOE britannique, de l’OSS (futur CIA) et du BCRA du général de Gaulle, sont intervenus afin de préparer
le débarquement de Provence du 15 août 1944 et sa progression dans les terres.

 

Venez découvrir le récit des missions réalisées par ces espions et commandos qui se sont déroulées sur les bords de la Durance, le long de la route Napoléonienne,
ainsi que dans l’Ubaye, le Queyras, le Briançonnais et dans bien d’autres vallées de notre région.

Toutes les informations viennent de rapports officiels ainsi que des mémoires des différents protagonistes de l’époque,
avec des documents inédits, dont des photos encore jamais vus d’Embrun en 1944

Éditeur : Les éditions du Fournel. 
198 pages, prix : 27€.

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Paru dans le DAUPHINÉ LIBÉRÉ du jeudi 23 mars 2023 , un article de Guillaume Faure : © Le DAUPHINE LIBERE


DL_Arnoux_Capture d’écran 2023-03-23 114910.jpgComment les agents secrets sont intervenus dans nos vallées
 

Antoine Arnoux a publié La guerre secrète dans les Alpes du Sud. Pour cet Embrunais d’origine, il y a la volonté de raconter des histoires locales souvent méconnues. En l’occurrence, celle des agents secrets britanniques, américains, français durant la Seconde Guerre mondiale.

Dl_Arnoux_Livre.jpgUne recherche personnelle peut parfois mener à entreprendre un travail de chercheur. Et à la publication d’un ouvrage ! Antoine Arnoux, originaire d’Embrun et vivant aujourd’hui près de Lyon, vient de l’expérimenter avec la parution de La guerre secrète dans les Alpes du Sud. « Je faisais des recherches sur l’Embrunais durant la Seconde Guerre mondiale, retrace ce quadragénaire. Dans des archives anglaises, je découvre que des commandos ont fait sauter le pont de Savines. C’était avec des commandos interalliés Jedburgh , composés de trois hommes parachutés en territoire(s) ennemi(s). Le rôle était d’intervenir dans des maquis, organiser des parachutages d’armes, réaliser des sabotages, prendre des informations.»

►Dans une France en guerre, le rôle du "SOE" britannique.

La toile d’informations se tisse peu à peu pour Antoine Arnoux : c’est la découverte du SOE, le Special operations executive , un service britannique d’agents secrets. Du réseau Jockey, dont les Alpes du Sud dépendent alors. De leur chef, Francis Cammaerts alias “Roger”. Mais aussi des missions de l’ Office of strategic services (OSS, qui deviendra la CIA) ou du Bureau central de renseignements et d’action sous l’égide de De Gaulle. « J’ai ainsi retrouvé les lieux de parachutages dans les Hautes-Alpes et Alpes-de-Haute-Provence », décrit l’Embrunais.
Il compulse, en anglais, les rapports officiels de mission comme les comptes rendus parfois romancés. « J’ai fait une sorte de carte chez moi. J’ai posé des questions à des historiens locaux. Et à part quelques sites spécialisés, ce n’était pas une période connue. Le grand public ne savait pas que des commandos étaient venus aider la Résistance », reprend Antoine Arnoux. L’idée du livre était née, avec pour but de « partager ce savoir ».

►Cinq années de travail personnel

Entre la première recherche et la parution du livre il y a plusieurs semaines, cinq ans se sont écoulés. L’histoire et l’archéologie ne sont pourtant pas son métier, mais il s’y consacre sans s’économiser. « Il fallait trouver toutes les informations pertinentes, traduire des tonnes de documents, retrouver les descendants de ces agents. Par exemple, la fille de Francis Cammaerts, il y a eu six mois entre mon message et une réponse », sourit l’auteur.
À ces figures méconnues, Antoine Arnoux donne un relief historique. Il met en lumière leur complémentarité avec les Forces françaises de l’intérieur (FFI). « Si le débarquement de Provence a été efficace, c’est grâce à l’action de ces maquis. Les Allemands s’attendaient à un débarquement », rappelle-t-il. Mais l’intensification des opérations et sabotages, comme le pont de Savines justement, permet d’entraver l’arrivée de renforts et les replis, appuie-t-il. Sans oublier d’autres actions au pont de Prelles (Saint-Martin-de-Queyrières), sur la route entre Montgenèvre et Briançon, au col de Larche comme sur la route Napoléon. Des trains sont visés à Veynes, des chemins de fer sabotés à Manosque.

►Le rôle des femmes mis en lumière

Les femmes sont présentes dans ces réseaux. « Elles transmettaient des messages de maquis en maquis », relate Antoine Arnoux. Elles sont locales, à l’image de l’implication de Suzanne Roos à Briançon ou de Jacqueline Bouquier entre Céreste et Reillanne. Ou internationales, comme Krystyna Skarbek, aristocrate polonaise polyglotte œuvrant pour le SOE avec le nom de guerre Christine Granville et ayant participé à la libération, à Digne-les-Bains, d’un certain… Francis Cammaerts.
Des commandos qui aideront aussi à travailler « main dans la main » avec les partisans italiens. « Une autre partie de l’histoire que l’on oublie », signale l’Embrunais. Et les descendants de ces acteurs de la guerre remis en lumière ? « Ils étaient étonnés par ma démarche. Mais honorés », confie-t-il. Du côté des éditions du Fournel, il y a tout de suite eu un engouement, souligne-t-il. En somme, une histoire secrète qui demande à ne plus l’être. Ça tombe bien : le livre trouve son public depuis sa sortie.

Guillaume FAURE (© Le Dauphiné Libéré)

►Antoine Arnoux fait partie des auteurs attendus au 8e salon du livre et du marque-page, à Laragne-Montéglin, les 1er et 2 avril.
 

Dans les rapports de mission de l’OSS, la future CIA…


Mission “Nancy”

« À Seyne, nous avons, à l’improviste, contacté Pauline (Christine), une agente secrète réputée. Ce qui se disait sur son charme féminin n’était pas exagéré. À Guillestre, nous avons rencontré le lieutenant Volpe de la mission anglo-américaine. Il y avait une garnison allemande de 80 hommes. Mais nous avons soupé sous leur nez et nous sommes ensuite sortis de la ville, pour passer la nuit à environ six kilomètres de là.

16 août – Au matin, nous avons continué notre périple via le col d’Izoard jusqu’à Cervières. C’était l’endroit le plus proche de la route Briançon--Montgenèvre que nous puissions rallier avec un véhicule, sans tomber sur les Allemands. Il n’y avait pas de Boches à Cervières, bien que des patrouilles vinssent régulièrement depuis Briançon. Juste avant notre arrivée dans la ville, 30 gendarmes avaient déserté la garnison allemande de Briançon pour nous rejoindre. Ils ne se sont pas révélés très fiables, et nous nous sommes retrouvés avec un important problème de nourriture sur les bras. Nous avons immédiatement cherché toutes les informations disponibles sur la route et nous avons rassemblé tous les explosifs du secteur. »


Mission “Ruth”

« En raison du temps forcément perdu par notre réaffectation, nous avons senti que nos cibles devaient être frappées aussi vite que possible. Cela a pu être fait avec l’aide humaine et les transports du Maquis. Durant les quatre nuits qui ont suivi, nous avons détruit les quatre ponts suivants, situés le long des lignes de communication ennemies dont nous avions la responsabilité : 1. le pont ferroviaire entre Sisteron et Peipin ; 2. le pont ferroviaire entre Digne et Barrême ; 3. le pont routier entre Meyrargues et Pertuis ; 4. le pont ferroviaire entre La Brillanne et Volx. Nous avons découvert, deux jours après notre arrivée à Saint-Jurs, que la voie de chemin de fer au sud dont nous avions la charge (Meyrargues-Draguignan), ne pouvait être utilisée pour du transport militaire. Nous en avons informé Alger qui l’a retiré de notre liste d’impératifs. »

Extraits traduits par Le Dauphiné Libéré des rapports de mission, issus des Archives nationales : OSS Aid to the French Resistance in World War II, fascicules 7 à 11 (72AJ/84 dossier n° 1), 1945.

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Francis Cammaerts alias Roger chef du réseau d’espionnage anglais Jockey dont dépendaient le 04 et 05. Photo prise à Berlin en 1945/1946. Photo de l’album familial des Cammaerts, gentiment fournie par sa fille Francis Cammaerts alias Roger chef du réseau d’espionnage anglais Jockey, dont dépendaient les Alpes-de-Haute-Provence et les Hautes-Alpes.

Photo prise à Berlin en 1945-1946.   Photo de l’album familial
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Le commando des forces spéciale Jedburgh : Jean Sassi en 1944, a été parachuté dans la Drôme (vers Dieulefit). Avec ses camarades ils sont passés dans le Vercors puis sont intervenus dans le Champsaur, l’Embrunais, la libération de Gap, dans l’Ubaye et la libération de Briançon. Collection de la famille Sassi Le commando des forces spéciales Jedburgh Jean Sassi en 1944, parachuté dans la Drôme (vers Dieulefit). Avec ses camarades, ils sont passés dans le Vercors puis sont intervenus dans le Champsaur, l’Embrunais, la libération de Gap, dans l’Ubaye et la libération de Briançon.

Photo issue de la collection de la famille Sassi


Date de création : 10/03/2023 12:14
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